Le Mudam Présente: Le Souffle du Récitant comme Signe de Yazid Oulab
Collection Mudam Luxembourg, Donation 2006, © Yazid Oulab
J’ai choisi de montrer cette vidéo pour son côté contemplatif et hypnotique : le chant de la sourate invite à la méditation spirituelle, mais aussi à l’extase et à l’abandon. La fumée d’encens, montant d’abord en lignes droites et partant ensuite en volutes, représente à la fois l’ordre fragile et le chaos, les perturbations étant en physique l’un des phénomènes dont la source reste inexpliquée et l’évolution incalculable. Pour le visiteur peu attentif, les volutes peuvent évoquer la fumée de cigarette aujourd’hui interdite dans les chambres d’hôtels : je n’ai rien contre ce petit malentendu subversif.
Enrico Lunghi
Yazid Oulab
Yazid Oulab (1958) s’intéresse tout particulièrement à lier formes contemporaines et tradition spirituelle. Sa vidéo « Le Souffle du Récitant comme Signe (2004) » est né de la contemplation d’un fil d’encens qui s’élève dans l’espace. Les voix d’une sourate récitée ébranlent les lignes droites de fumée et font naître des formes élémentaires : mouvements aléatoires d’abord, puis volutes dont la cursivité évoque l’écriture. Cette oeuvre prend source dans une réflexion de Yazid Oulab sur la mystique soufie selon laquelle la poésie est la voie essentielle pour approcher les mystères. Le film, comme une grande part de l’oeuvre d’Oulab, est aussi une quête sur des racines communes ou complémentaires entre les peuples et se donne comme une méditation. « Lorsque l’on crée une oeuvre sans y mettre l’aspect vibratoire musical, elle est éteinte, elle n’a aucune vie. Le souffle, la vibration, c’est la vie. »